Jeudi 20 mai, pendant que l’EACM après 7 mois de confinement, s’apprête à sortir pour une première compétition le samedi suivant à Bruay, Diouleine Kanté suite à une entorse, teste sa cheville en vrac, conséquence de quatre semaines d’inactivité.

L’enjeu est d’importance, refaire une compétition le dimanche à Beauvais dans un meeting départemental, ou dans le cas contraire…faire une saison blanche ! Finalement le feu vert vient en dernière minute pour un résultat relativement modeste, 10m28, mais suffisant afin d’assurer une présence aux championnats régionaux. Deuxième test, toujours à Beauvais, le dimanche suivant mais au disque cette fois. Après plusieurs jets arrosés hors secteur, « un discret » 24m52 garantit une deuxième qualification pour le même championnat.

Dimanche 20 juin, direction Bruay, pour le championnat des Hauts de France. L’athlète monte en puissance et concrétise par deux 6^e places aux poids (11m09 record personnel) et au disque (28m55 record du club cadettes et juniors). Deux grosses performances, mais probablement insuffisantes en vue d’une participation aux championnats de France de Bondoufle. Que faire ? Tenter le meeting de la dernière chance toujours à Beauvais le 2 juillet.

Pas de disque au programme mais un concours de poids maîtrisé avec un 6^e jet à 11m38, pour un nouveau record du club. La pré-liste de qualification pour Bondoufle se diffuse dans la foulée. Si le nom de « Kanté » figure bien dans les deux spécialités, la tête de liste est bien loin et dans les deux cas, il s’agit de figurer dans « les 32 » en fonction des confirmations, pour pouvoir participer.

Mercredi 6 juillet, Diouleine est retenue au poids avec la 29^e performance d’engagement. Derniers réglages à l’entraînement dans la semaine, avec des jets qui frisent voire dépassent légèrement la ligne des 12 mètres, ultime objectif fixé en compétition, pour cette fin de saison.

En ce samedi 10 juillet, au concours de qualification, la tension reste palpable même si Diouleine donne l’impression d’une force tranquille pour une première grande compétition nationale. De son côté le coach diffuse des signes d’inquiétude et de nervosité, face à un échauffement qu’il qualifie de mollasson. Du premier groupe de 16, 6 athlètes ont dépassé la ligne des 12 mètres, et la 8^e a réussi 11m95. Pour 12 places en finale, à moins que Diouleine se transforme en Jim Phelds « c’est mission impossible » ! D’autant que dans le second groupe, figurent l’ultra favorite Princesse Hyman (14m76), la ternoise Julia Mathieu qui vaut plus de 14m, plus deux ou trois autres filles au-delà des 12m.

Diouleine lance pour son premier essai, un jet propre, posé, mais peu dynamique. Au final 11m87, soit tout de même 49 cm de mieux que son record. Les entraîneurs sont loin de l’action et doivent crier pour se faire entendre. Son coach hurle : « Mission accomplie, lâche toi ! » L’invective semble porter ses fruits, son deuxième jet se montre beaucoup plus tonique. Un peu trop même, la méruvienne s’écrase sur le final, pour ne pas sortir devant le butoir, 11m90, indique le tableau d’affichage. « Allez Diouleine, encore un effort ! » Le 3^e moins bon retombe à 11m63. Entre temps se noue un drame Princesse Hyman qui lance en rotation fait deux hors secteurs, et décide d’assurer en translation pour son dernier essai. Le résultat est identique, avec un zéro pointé « Princesse ne sera pas couronnée reine ! » Vient l’heure des comptes. Diouleine finit 4^e du deuxième concours et devance la redoutable Sarah Muller qui l’a précédé au régionaux. Pour 3 cm, elle écarte l’athlète de Maubeuge de la 12^e et dernière place qualificative pour la finale du lendemain.

Entraîneur et athlète restent pour le moins incrédule, arrivée avec la 29^e performance, et faire partie des douze meilleures françaises relève d’un véritable exploit, néanmoins parfaitement mérité. Rentrer en finale c’est bien, confirmer c’est mieux. L’objectif reste le même, franchir enfin la ligne des 12m.

Dimanche représente un autre jour. Diouleine change son attitude, l’athlète rassurée trouve ses marques sur ce stade Robert Bobin, devenu un décor familier. Elle tire une cartouche d’entrée en expédiant le boulet à 12m25, ça fleure bon le classement dans « les 8 », synonyme des trois essais supplémentaires. Deuxième essai, le poids se plante à 12m07. A l’attaque de la « dernière levée », elle est bien 8^e à égalité avec Kady Soumahoro, mais devant au classement grâce à une meilleure deuxième tentative.

Un appui qui glisse, sur son troisième essai et son poids retombe 11m26. L’attente devient longue, chacun retient son souffle, avant que sa copine d’Abbeville Manon Gest alors 10^e ne la précède de 2cm pour la 8^e place avec 12m27. Qu’importe, nous avons vécu un week-end exceptionnel, Diouleine et Bruno on déjà leurs regards tournés vers la rentrée de septembre…

LES RESULTATS COMPLETS